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Crise(s) et processus de changement

Colloque en distanciel

Université de Strasbourg

De la « crise d’adolescence » à la « crise de la vieillesse » en passant par la « crise du milieu de la vie » ou encore celle « du nid vide », le cours de l’existence de l’individu semble marqué par des moments qui, au regard des représentations sociales, révèleraient un moment bruyant d’agitation certaine. Il en va ainsi de la « crise de la quarantaine » susceptible de qualifier le départ soudain d’un quadragénaire pour réaliser une réorientation professionnelle. A contrario, l’adolescent qui « ne ferait pas sa crise » serait suspecté de tarder un peu à quitter l’enfance. Mais de quelle(s) réalité(s) viendrait rendre compte ce terme de « crise » ? Qu’un adulte dise d’un adolescent qu’ « il fait sa crise » ne vient-il pas signifier quelque chose de la façon dont ce qui se joue pour lui est accueilli ? Ne serait-ce pas déjà lui donner un sens particulier ? De plus, si la crise concerne au premier plan le sujet, qu’en est-il de la mise à l’épreuve de la qualité et de la solidité des enveloppes familiales (et du couple le cas échéant) ? Qu’en est-il également de la capacité des collectifs à accueillir et contenir les mouvements de déstabilisation voire de désorganisation de certains de ses membres, possiblement submergés dans leurs possibilités d’élaboration ?

Qu’est-ce qui alors fait « crise », pour qui et dans quel contexte ?

Dès lors, ce colloque propose de mettre en question la pertinence de la notion de « crise » en interrogeant tout à la fois la réalité de ce qui est qualifié ainsi et son rapport à la normalité. Ce colloque sera ainsi l’occasion d’examiner le contexte, silencieux ou bruyant – en lien par exemple avec des événements, souvent inattendus, comme la maladie ou la perte d’un proche – dans lequel la « crise » intervient. Il permettra également d’analyser la pluralité des formes de la « crise », qu’il s’agisse de signaler par cette dénomination un moment de passage ou de désigner un moment de rupture dans l’existence.

Cette perspective nous amènera à interroger l’exigence et la possibilité de mise au travail imposée au psychisme pour traiter la déstabilisation provoquée. Dans quelles mesures la qualité des processus impliqués dans la « crise » pourrait-elle révéler celle du travail psychique antérieur ? Ces processus pourraient-ils introduire également des occasions nouvelles de reprise des conflits essentiels à la vie ? Quelles sont les conditions favorisant la possibilité de mobilisation de mécanismes permettant à la fois le changement et la continuité ?

Par conséquent, repérer les opérateurs dynamiques dont dépendent les opportunités de dégagement trouvées dans ces situations de « crise » est essentiel, notamment pour identifier le poids que prendront dans le fonctionnement psychique les procédés élaboratifs ayant un effet mutatif et les procédés défensifs mis au service d’une adaptation mimant la (pseudo)normalité. Saisir l’éventail des conduites psychiques d’un sujet et examiner les indices de changement grâce aux méthodes projectives conduira à identifier les fragilités et les ressources psychiques du sujet comme indices de ses potentialités de changement.

Ce colloque examinera, d’un point de vue théorique constituant un premier axe de travail, de quelle manière l’interprétation psychanalytique des épreuves projectives, en tant qu’outil métapsychologique, permet de discuter la pertinence des notions de processus de changement, de développement, de continuité, de transformation, etc. et leur utilisation dans les tentatives pour repérer mais aussi rendre compte des dynamiques psychiques engagées dans ces moments dits de « crise ». Nous interrogerons également, dans un deuxième axe, les potentialités des méthodes projectives à s’offrir comme procédé d’investigation qui, derrière le caractère bruyant ou étonnamment silencieux de la «crise», s’efforce de resituer la valeur fonctionnelle des mécanismes psychiques mobilisés. Enfin, sur un troisième axe méthodologique, nous étudierons les caractéristiques d’un dispositif qui, en favorisant l’amorce d’un processus transférentiel et l’aménagement d’une situation médiatisée, permet de repérer les capacités du sujet à s’inscrire dans la transitionnalité et à déployer des processus associatifs offrant des appuis précieux à un dégagement possible de la « crise ».

 

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